lundi 12 avril 2010

Lecture et écriture


Choisir un livre à la bibliothèque, dans une librairie ou chez un bouquiniste, n'est pas en ce qui me concerne, un acte anodin. C'est aussi palpitant, effrayant qu'une rencontre galante. Le lieu a de l'importance, l'engagement n'est pas le même, il y a du speed dating dans l'air quand le rendez-vous s'informatise par carte magnétique interposée.


L'odeur d'encre fraîche de la librairie n'a pas encore trop de prise sur moi, à la virginité du vélin je préfère les effluves du papier jauni...J'aime les livres qui ont une âme. Ceux dans lesquels le précédent lecteur a oublié un marque page, glissé une annotation ou tout simplement écrit son prénom sur la page de garde...

Le titre et la couverture sont une incitation à la lecture, une première prise de contact entre l'auteur et le lecteur. C'est le carton d'invitation que l'on pouvait glisser autrefois sur une coupelle d'argent. L'auteur s'annonce. Le lecteur, lui, s'incline ou décline l'invitation. Si la 4ème de couverture sait effleurerl 'intrigue pour susciter le désir et l'envie, ils seront tous deux au rendez-vous.

Ecrire est un acte d'amour, c'est un accouchement parfois dans la souffrance mais c'est aussi une expiation de tous les maux. Une bonne douche salvatrice ou l'orthographe et la grammaire sont des onguents salvateurs. Lire permet de fuir le quotidien, le magnifier....Un point de suspension dans l'espace temps. Je repense à Odette Toutlemonde qui s'élève en apesanteur lorsqu'elle est plongée dans les romans de son auteur favori.

On parle de la saison des amours, en est il de même pour la lecture ? Il me semble lire en toutes saisons, peut être avec une prédilection pour l'été propice aux vacances, à la décontraction. Les journées sont plus longues et l'on peut considérer le temps comme un élastique étirable à souhait. Pourtant l'hiver, j'aime me glisser sous ma couette et dévorer les enquêtes de Victor Legris entre autre.

Ma rencontre avec le livre date de 1972. J'avais alors cinq ans et je me souviens très bien de la collection Rouge et Or Dauphine et du titre "les Malheurs de Sophie", depuis ce premier rendez-vous le ventre de ma bibliothèque n'a cessé d'enfler et on entend parfois le bois craquer devant tant d'histoires ! Depuis mes goûts ont évolué, j'aime beaucoup les biographies surtout celles écrites par Jean Chalon. J'aime aussi redécouvrir des auteurs vedettes en leur temps que notre époque moderne a relégué aux oubliettes. Qui se souvient de Germaine Acrémant et des dames aux chapeaux verts ?

Par ailleurs, la nouvelle  m'a kidnappée un jour de 2003, l'histoire d'une dame en bleu s'est imposée tout naturellement à moi. Les mots jaillissaient comme une source qui ne se tarissait pas ...S'en est suivi un recueil et un petit succès d'estime. De lectrice je passais au statut d'auteure et comme je ne voulais pas me la jouer artiste je rajoutais "d'un mètre soixante douze !"

Depuis je continue à écrire, et je dévore les livre autrement. Je n'ai plus le même regard sur le mot qu'auparavant. Ma perception de la lecture n'est plus la même, elle n'en a pas été altérée bien au contraire. Toutefois je constate le choix de l'auteur pour un mot plutôt qu'un autre, j'enrichis mon vocabulaire comme par le passé mais je perçois cette sensibilité en plus...

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