Anne Delarivière n’a que 18 ans lorqu'elle s’enfuit du domicile de ses parents. En prenant le premier train pour Paris , la jeune femme quitte sa Lorraine natale emportant un lourd secret qui l’empêchera de vivre normalement.
Pourtant, vingt ans plus tard, Anne reviendra à Nancy pour assister sa mère qui se meurt dans un hôpital. C’est au chevet de celle qui lui a donné la vie mais qui ne l'a pas protégé qu’elle trouvera la force de rentrer dans la lumière alors que sa mère sombrera dans les ténèbres.
(...) qu'elle parte doucement en paix sans savoir ce qui vient de se produire" (page 229)
Ce livre est bâti sur une histoire familiale trouble où le poids du passé laisse exsangue une jeune femme sacrifiée sur l’autel du silence maternel.
"Comment a t-elle pu agir ainsi ma mère ? Elle n'a vu que ses intérêts et a marché sur mon coeur.
(...) parfois je voudrais mourir. " (page 209)
Comment se construire sous le poids d’un secret ? Comment retrouver la volonté de vivre alors que le corps et l’âme ont été souillés ? Le pardon peut-il cicatriser les plaies ? Peut on bâtir une vie sur le mensonge ?
"Ce qui t'est encore difficile de voire impossible, sera un jour pour toi, laisse-toi porter" (page 204)
Elise Fischer a le don et le talent d'emmener le lecteur sur le chemin du questionnement. Ce n'est pas un hasard non plus si la seule personne bienveillante apparaît sous les traits d'une religieuse. Soeur Marie Cécile est-elle la conscience d'Anne en quête de l'amour d'une mère ? ( le mot "maman" est employé une seule fois (page73) alors que "Mère" noircit l'ensemble du roman.
Je n'ai pu lâcher ce livre qui m'a littéralement kidnappée. Entre horreur et angoisse, ce roman est bâti comme un thriller où malgré tout la compassion et le pardon essayent de se frayer un chemin...Mais voilà est-il si facile de pardonner à ceux qui nous ont offensés ?
« A toutes les femmes trop silencieuses face à l’outrageQu’elles aient l’audace de dire !
Que nous ayons le courage de les entendre ! »
Elise Fischer
Elise Fischer © J. Foley / Agence Opale
Presses de la Cité
Mars 2013-240 pages
21€
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