mardi 2 juillet 2013

Quand nous serons frère et soeur de Sophie Adriansen





Louisa est une trentenaire parisienne. Sa mère africaine l’a conçu dans son pays natal, puis a suivi le père en France et s’est vue abandonnée une fois l’enfant né. Si Louisa n’a jamais eu de nouvelles de ce géniteur aux allures de baroudeur, elle a souvent fantasmé leurs retrouvailles. Depuis la mort de sa mère, sa vie se résume à un univers cloisonné entre son quartier de Paris où elle vit coincée entre ses habitudes et les trajets "métro boulot dodo",  un amour déçu avec Romain et des amies qui comblent le vide de leur existence en le remplissant de façon conventionnelle.

Et toujours ce plafond de verre qu’elle souhaite briser  comme cette façon d’être jugée sur sa couleur de peau afin de prouver que l’on peut être aussi blanche de l’intérieur…

Cependant, un courrier va bouleverser ce quotidien morne et lui redonner confiance en la vie…

Louisa va découvrir un héritage celui de son père dont elle ne pourra bénéficier après avoir vécu pendant un mois avec un frère dont elle ignorait l’existence.

Comme on peut l’imaginer la lettre va emmener son lot d’espoirs mais aussi de questionnements sur le sens, sur l’essence même de la vie…

«On ne pouvait se décréter frère et sœur par volonté commune ou désir profond, ni même décision unilatérale, et encore moins parce qu'on avait reçu un bout de papier l’affirmant »…

L’éditeur parle d’une écriture lumineuse et je ne peux qu’être en accord avec cet adjectif. Le sujet est abordé avec humanité servi par une écriture fluide, limpide et empathique.


Plusieurs phénomènes de société sont abordés tout au long de ces  pages sans pour autant tomber dans les clichés : le racisme ordinaire, les méandres de la filiation, le lâcher prise sont traités avec bienveillance et parfois humour (j’ai beaucoup apprécié les allusions aux signes et autres fantaisies que l’on s’accorde avec soi-même autant de références à l’univers de Jeunet).

« Les choses avaient un sens, au-delà des lieux communs qui affirmaient que rien ne survenait jamais par hasard. Et ce sens était à déceler dans les attitudes. Il ne fallait négliger ni le langage des corps, ni les métamorphoses des objets, ni les changements météorologiques. Tout cela révélait de menus indices, envoyait d’infimes signaux. »

La psychologie des personnages est finement analysée : si Matthias le frère de Louisa est un taiseux, il va se laisser apprivoiser par cette jeune sœur pétrie de bons sentiments…et lui inculquer, à son tour, quelques leçons de sagesse.

« La  journée passera pas plus vite ni moins vite parce que tu cours »…(…) Matthias était en train de lui démontrer que le problème …venait d’elle »

« Elle parlait comme elle n’avait pas parlé depuis si longtemps qu’il lui était impossible de dater la fois précédente où elle avait ressenti si pleinement le pouvoir libérateur des mots… »

Le village de Lougeac est au cœur du roman : c’est sur sa place principale que tout commence, se lie, se tisse, se noue, se dénoue pour le pire et le meilleur. Ne voulant pas déflorer l'histoire,je ne parlerai pas des personnages secondaires qui apportent une dynamique supplémentaire à cette histoire.
"Quand nous serons frère et  sœur" est à lire comme une quête initiatique, une invitation au voyage au cœur de soi même.

Si on retrouve également l’univers livresque de Sophie Adriansen dans la valise de Louisa, je rajouterais une play list  (non exhaustive):









 "Quand nous serons frère et sœur"
Auteur : Sophie Adriansen
Genre : Romans et nouvelles - français
Editeur : Myriapode, Bordeaux
Prix : 18.00 €
Date de sortie : 16/02/2013

2 commentaires:

Moka a dit…

Au détour d'un lien posté sur FB, je découvre la bannière de ce blog et sourit tant il évoque pour moi mon refuge de vacances... J'adore cette librairie d'Angoulême où je passe souvent des heures...

Mary a dit…

Bonjour Moka, votre commentaire me fait sourire et je vous remercie pour cette visite impromptue :) bonnes vacances si tel est le cas dans notre bonne vieille ville d'Angoulême ;)