mercredi 3 juillet 2013

La Vierge-Folle Frédérique Volot




 

Dans ce milieu du XIXème, Paris souhaite se débarrasser de ses quartiers lépreux où le soleil ne pénètre jamais même dans la journée où l’air vicié est responsable de maladies, de la promiscuité et de zones de non droits. "Les agents de la maréchaussée ne s’y aventurent pas. Ils appliquent un raisonnement simple : plus les malfrats règlent leurs comptes où s’entretuent, mieux ça vaut ! "

 
Napoléon III continue sur la lancée de son prédécesseur en  souhaitant transformer Paris en une grande capitale moderne, assainie, aérée de parcs, adaptée aux transports modernes.


Si le baron Hausmann s’évertue à nettoyer Paris de ses miasmes, il ne fait que déplacer la misère et quelques lieux sordides sont encore debout.
C’est dans ce décor que vont évoluer les personnages de La Vierge-Folle, le 3ème roman de Frédérique Volot aux Presses de la Cité.
 
Dans les jardins du parc Monceau, une femme rousse, abimée par la vie est retrouvée morte dans des conditions effroyables (visage et corps vitriolés)…Coincée sous son crâne, une lame de tarot "la Maison Dieu" . Qui en voulait à cette jeune femme pour l'avoir atrocement violentée et  mutilée ? Pourquoi elle et non une autre ?
 
C'est un adepte des méthodes de Vidocq qui est en charge de l'affaire : le bel Achille Bonnefond mandaté par le ministre de l'intérieur de l'époque Victor de Persigny . Le ministre imagine un complot contre l'empereur. N'a t-on pas trouvé une lettre manuscrite (pouvant le laisser imaginer) dans la main de la victime ?


Le détective devenu "dent de lait" pour les besoins de l'enquête recevra l'aide d'un chiffonnier prénommé  "Baise-la-Mort". Tous deux  vont  arpenter les bas fonds de la capitale afin de retrouver ceux qui ont connu cette tireuse de cartes, qui tirait le diable par la queue et qui n'avait sans doute plus que son âme à lui vendre, celle que l'on surnommait "la Vierge-Folle" ...Si la découverte de cet univers  est assez violente pour le premier, elle l'est tout aussi pour le second, qui ne rêve qu'à une seule chose pouvoir enfin s'établir au grand air...
 
 C'est le Paris des Chiffonniers, des crève la faim que le lecteur va parcourir (parfois à la limite de la nausée) pour sans doute trouver la clé de l'énigme...

"La vieille jeta un dernier regard à Achille. Dans ce bleu délavé, il y avait tout le renoncement du monde, l'acceptation de la mort comme une délivrance, une bénédiction. Pour ces gens là, l'enfer était sur terre !"

Si les personnages sont fictifs mis à part la Femme en culotte, l’auteure a planté le décor dans des lieux qui ont véritablement existés : le café des Pieds Humides,  ou le café du Père Lunettes. Autant d’endroits fréquentés par les chiffonniers, une société avec son langage et ses codes.

Le mobile du crime révélé dans les toutes dernières pages est plus un prétexte à faire cheminer le lecteur dans ce Paris en pleine mutation. Avec le souci du détail, la précision de l'anecdote, l'auteure prend plaisir à nous dépeindre une société en pleine mutation où la bourgeoisie côtoie le "petit peuple" sans le voir. Le lecteur se sent happé pages après pages et suit le guide sans que le roman ne lui tombe des mains.
 
La profusion des détails ne freinent pas le rythme de l'intrigue et le lecteur est captif du style de l'auteur jusqu'au mot fin...
 
 
Dans cet opus, il me semble que Frédérique Volot a souhaité faire les présentations avec des personnages qui pourraient revenir dans un prochain roman : Tamara, la gouvernante fidèle, Marthe l'amante, Félix le meilleur ami d'Achille et sa femme Cécile, Baise-la-Mort ...Pakoune la chatte borgne et le fidèle Totor-la-guillotine !
Pour ma part, j'attends avec impatience des nouvelles d'Achille...
 
Frédérique VOLOT
La Vierge-Folle
Presses de la Cité
Mai 2013
19,50 € - 336 p.

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