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Les Mondrieux ont cinq enfants et vivent confortablement à Paris. L'équilibre de cette famille va se retrouver fortement menacé lors de la mutation des parents tous deux enseignants vers la Bretagne.
Simon reçoit une nomination dans un collège de garçons de Rennes où il va pouvoir préparer l'oral de l'agrégation. (...)En vertu du principe que l'Education nationale ne sépare pas les couples, Julia fut nommée à quatre vingt dix kilomètres de Rennes...(...)
C'est un nouveau monde qui s'offre aux parents et à leurs enfants. Loin des lois de la République, l'église a le dernier mot sur l'ensemble de la communauté de Brennac, petit bourg situé non loin de Lamballe et un droit de regard sur l'enseignement dispensé à l'école. L'école laïque instaurée par Jules Ferry c'est l'école du diable.
Ce qui aurait pu devenir une mission de service publique va se révéler pour Julia un vrai sacerdoce. Aux dépens de sa santé et du confort de ses propres enfants, mettant en péril sa vie de couple, elle va se dépenser sans compter (au propre et au figuré) pour que le peu d'enfants qui lui sont confiés ( enfants de l'Assistance publique et pauvres gamins démunis dont personne ne veut) parviennent à un "savoir faire" à défaut du certificat d'études.
"Oui, je sais... nous sommes de passage...Je sais, il est fou d'envisager de modifier les mentalités en si peu de temps...Tout cela semble inutile s'il n'y a pas de suivi, de réforme sociale plus globale, et pourtant je trouve magique cette notion de partir de zéro ou presque. Je peux, je dois, je veux y arriver. J'y crois. Je suis au cœur du sens fondamental de l'enseignement. C'est éblouissant. "
Ce roman n'est pas seulement une peinture de la Bretagne de la deuxième moitié du XXème siècle mais c'est aussi la perception d'une fillette qui voit sa mère (Elle) se démener entre sa vie de femme et sa vie professionnelle dans un milieu hostile régit par des modes de vie quasi-féodaux.
"Si la vie d'instituteurs et surtout d'institutrices laïques, croyants ou non, a paru dans de nombreux livres, ce ne fut, que je sache, jamais sous l'angle des enfants bouleversés entre le sacerdoce de leurs parents et un ostracisme délibéré, ou, en l'occurrence, imposé à la communauté...."
"Eux les élèves. Nous, des élèves aussi mais enfants de notre mère de la maîtresse...Pour couper court à mon malaise devant ce dilemme tout nouveau pour moi, je décidais de l'appeler "Elle", ni maman, ni madame en classe..."
Le lecteur ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'excellent livre de Pierre-Jakez Hélias "Le cheval d'orgueil". Grâce à l'écriture authentique de Sylvette Desmeuzes-Balland, j'ai suivi les pérégrinations de cette "hors-venue" parisienne qui dans un milieu hostile de prime abord arrive à tirer le bon grain de l'ivraie...
Un très beau roman sociétal, attachant et qui ne laissera pas le lecteur insensible.Le lecteur ne peut s'empêcher de faire le parallèle avec l'excellent livre de Pierre-Jakez Hélias "Le cheval d'orgueil". Grâce à l'écriture authentique de Sylvette Desmeuzes-Balland, j'ai suivi les pérégrinations de cette "hors-venue" parisienne qui dans un milieu hostile de prime abord arrive à tirer le bon grain de l'ivraie...
Sylvette DESMEUZES-BALLAND Les Enfants de l’école du diable Presses de la Cité |
Mai 2013
19,50 € - 324 p. |
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