mardi 16 octobre 2012

Les Chaussettes de L'Ame Guillaume Siaudeau et Magali Planes





Observateur aguerri de la petite musique du présent, Guillaume Siaudeau se livre avec LES CHAUSSETTES DE l’ÂME à un exercice de style périlleux où la mort et les larmes hantent « l’échiquier abîmé » du monde. Ce mélodrame plein d’humour qui décompose visages et formes et préfigure l’ambivalence du monde est splendidement illustré par Magali Planès.

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Les Chaussettes de l'Ame ont connu leur première envolée ce samedi 13 octobre au Club des Poètes. Ce haut lieu de la poésie fondé par Jean-Pierre Rosnay ne pouvait constituer de plus bel écrin pour la petite musique des mots de Guillaume Siaudeau.


Ne cherchez pas la rime riche, l'alexandrin ou l'acrostiche, Guillaume Siaudeau préfère la prose et il s'en explique :

J'ai du mal avec la rime et le calcul en poésie. Je trouve que ce sont deux paramètres qui rendent les mots moins libres. Il y a de beaux poèmes en rime, c'est sûr, mais c'est un exercice difficile et pour moi rarement réussi. J'ai toujours l'impression que dans un poème en rimes, les derniers mots de chaque vers sont utilisés pour servir la musicalité au détriment du sens que l'auteur aurait voulu donner à sa phrase. Mais je le répète, il y a de très belles choses. C'est simplement que cet exercice de rime à résoudre me fait vaguement penser aux mots-croisés...



Le monde est un cirque, Guillaume Siaudeau se veut jongleur, contorsionniste voire équilibriste. Témoin d'une époque qui se cherche à défaut de se trouver, ce trentenaire amoureux du verbe twiste le temps et efface les dates des calendriers...
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Fermer les yeux
Entendre les planètes tourner
Se frôler et danser
Des valses dangereuses
Entrevoir avec effroi
L'espace d'une seconde
De quoi demain
Sera défait

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Si les yeux vairons sont les chaussettes dépareillées de l'âme (sic), Guillaume Siaudeau porte un regard lucide sur le monde de ses contemporains.
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Il était entouré
De paysages en friches
De voiutres noyées et d'avions
Pendus aux arbres
Il était le seul pion
D'un échiquier abimé...

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La société de consommation, la course aux profits, la langue de bois font que le citoyen devient " l'unique cible du peloton d'exécution, la cerise trop mûre sur le gâteau écrasé ". Guillaume ne se définit par pour autant comme un auteur engagé :

De manière générale je n'écris pas pour cela. Si certains poèmes peuvent donner l'impression d'être engagés, c'est en transparence et ce n'est jamais ma volonté première. J'écris avec ce que j'ai sous la main, sous les yeux, dans les oreilles. Il y a souvent un peu d'humour aussi, enfin j'espère que ça ressort. Alors peut-être que ce sont ces petites touches d'humour qui donnent l'impression que je suis engagé...


Je lui fait remarquer la place omniprésente de la nature dans les nombreux textes qui composent ce recueil. 
La nature, et plus particulièrement les animaux, sont une source d'inspiration inépuisable. Ils sont moins prévisibles que les hommes. Peut-être que le fait qu'ils ne parlent pas nous pousse à une observation plus minutieuse.
L'écriture est scripte des sens. Chez moi elle passe en grande partie par le regard. J'écris mes poèmes comme des images, des photos. Si on regarde bien et qu'on passe un peu de temps à la fenêtre, tout est déjà dehors, y a plus qu'à se servir et faire sa tambouille...


Un mot sur ta collaboration avec les Editions H'Artpon ?

J'ai simplement envoyé un recueil que je venais de terminer. C'était il y a deux ans et le projet à traîné un peu, le temps que Magali Planès fasse les illustrations et qu'H'artpon termine des projets qui étaient en cours. Juste le temps d'apprendre à connaître Caroline (responsable des éditions) et qu'elle devienne une amie...



LES CHAUSSETTES DE l’ÂME

Format : 28 x 11 cm
600 ex. numérotés
Prix public : 22 €

2 commentaires:

Eric Dubois a dit…


"Ne cherchez pas la rime riche, l'alexandrin ou l'acrostiche, Guillaume Siaudeau préfère la prose et il s'en explique "


Le vers libre ou vers non rimé n'appartient pas à la prose.

Définition de la prose : discours écrit qui n'est pas formellement de la poésie. ( Dictionnaire de la langue Française, Livre de Poche ).

Il existe des poèmes en prose
( cf Baudelaire et le Spleen de Paris , cf ALoysius Bertrand ...)
comme il existe de la prose poétique.

Depuis les Surréalistes, et Apollinaire, Cendrars, Pierre Reverdy, cela fait presque un siècle, on ne définit plus la poésie comme étant rimée, en sonnets ou en alexandrins.

Cette poésie-là appartient aux siècles passés même si de nos jours Jacques Roubaud et Jacques Réda s'y illustrent de façon remarquable en étant moderne
et soucieux de la versification , ils ont su dépoussièrer la poésie classique ...

On écrit des poèmes en vers libres, ou en prose, avec de la ponctuation ou non, ou bien avec des blancs, des espaces qui séparent ( cf André du Bouchet..)


CE QUI CARACTERISE LA POESIE c'est l'USAGE DE LA METAPHORE , de l'allitération et des assonances, que la poésie soit rimée ou non..
qu'elle soit en prose ou en vers...



C'est un travail sur la langue.



Mary a dit…

Cher Eric, voilà qui est bien écrit et je laisse le lecteur apprécier ce commentaire à sa juste valeur :)Je l'invite aussi à visiter ton univers en allant sur ton blog :)