mardi 13 décembre 2011

Occupe toi d'Arletty Jean-Pierre de Lucovich

1942. Qui envoie des petits cercueils et des lettres de menaces à Arletty ? La résistance ? La vedette d'hôtel du Nord vit une histoire d'amour avec un officier allemand, et ne s'en cache pas. Est-ce lui qui est visé ?
Appelé à son secours, Jérôme Dracéna, un ancien flic de la Crim devenu détective privé, va enquêter dans le Paris de l'Occupation et découvrir que les auteurs des menaces ne sont pas ceux qu'il croyait.
Des boîtes de Pigalle au Fouquet's en passant par le fameux One Two Two et les cocktails du "gratin" de la collaboration, Jérôme fait des rencontres à haut risque : Henri Lafont, le chef de la Gestapo française de la rue Lauriston à l'amitié encombrante, la belle comtesse Tchernycheff, une aventurière vénéneuse, Lionel de Wiet, faux marquis et vrai trafiquant de haut vol...
Armé de son charme insolent et de son goût pour la boxe française, Jérôme Dracéna parviendra-t-il à neutraliser le tueur qui menace Arletty et son officier allemand ? Atmosphère, atmosphère...
***

J'ai beaucoup aimé l'intrigue. On sait que Léonie Bathiat alias Arlette ou Arletty aimait à clamer que si son coeur était français, son *ul était quant à lui international. Effectivement, dans le Paris vert de gris des années sombres, elle a eu pour amant un officier allemand. L'auteur se sert de ce point de détail (!) pour fabriquer à la vedette de cinéma une histoire de chantage amoureux, prétexte à balayer une fange de cette capitale interlope qui faisait bombance alors que le peuple traficotait avec le système D et le marché noir...Si la fiction est de mise le reste est tout à fait plausible. Les personnages et les décors ayant réellement existés seul la mise en scène appartient à l'auteur.

De la rue Lauriston aux maisons closes , des vedettes de la Continentale aux gangsters et crapules personne ne manque à l'appel dans l'écriture de ce polar rondement mené.

Mon complément de lecture à ce roman : La vie culturelle dans la France Occupée de Olivier Barrot et Raymond Chirat
Dans la France occupée et divisée en deux, la vie culturelle subit la double censure de l'Allemagne nazie et du régime de Vichy. Confrontés à la propagande, aux interdictions d'oeuvres et d'artistes, à l'aryanisation, aux spoliations, certains résistent, d'autres collaborent, la plupart s'accommodent et composent. Paradoxalement, l'activité culturelle est plus foisonnante que jamais. Il faut survivre, oublier, se distraire, continuer. Olivier Barrot et Raymond Chirat sont les chroniqueurs de ces années 1940-1945. Cinémas et cabarets font salle comble, comme les concerts. Le théâtre, la presse et la littérature n'échappent pas aux ambiguïtés ambiantes, entre auteurs ouvertement collaborationnistes et écrivains engagés, clandestins et résistants, mais là aussi, la période est d'une exceptionnelle fécondité. Passé le temps des procès de la collaboration, à la Libération, est venu celui du bilan d'une époque difficile et complexe où, envers et contre tout, la richesse intellectuelle et artistique de la France a été sauvegardée.



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