dimanche 3 octobre 2010

SE CROISER SANS SE VOIR" DE JEAN-LAURENT CAILLAUD




Soixante ans après, Paris conserve toujours sur les murs de ses immeubles les traces de la Seconde Guerre mondiale. La toponymie a aussi intégré, dès la fin 1944, les noms des héros, Français libres, résistants et résistantes. Plaques, stèles et monuments honorent la mémoire de ses acteurs, de ses martyrs et leurs actions. Et quelques jours seulement après les combats pour la Libération de Paris, les Parisiens eux-mêmes rendaient hommage à leurs combattants.



Très vite apposées sur les murs de la capitale, les plaques commémorent des faits de guerre, des actes de résistance, des rafles, des déportations et actions liées à l’insurrection et à la Libération de Paris. Elles honorent le souvenir des disparus.



L’inventaire du Bureau des monuments de la Ville de Paris indique 1060 plaques commémoratives de la Seconde Guerre mondiale. 45 % des plaques correspondent à la semaine de l’insurrection et de la libération. Recensées et entretenues par la Ville de Paris, elles ont été apposées le long des rues, sur les façades d’immeubles publics et privés, sur les grilles d’enceinte ou au sol à l’intérieur des squares, dans les halls d’accès d’immeubles, les escaliers ou les couloirs de circulation du métro, les abords des gares ou sur des bordures de pont.


Une plaque commémorative, pour le passant, c'est d'abord une rencontre fortuite qui va lui permettre de marquer un temps d'arrêt; ce temps d'arrêt va porter sur un fait historique ou sur un personnage...

Paris, où beaucoup d'événements se sont passés, où beaucoup d'hommes célèbres ont vécu, est le théâtre de cette rencontre.

Ce phénomène des plaques commémoratives est actuellement en train de prendre de l'importance; le nombre des demandes s'accroît; la Ville de Paris instruit une trentaine de demandes par an. Elles sont surtout liées à ce que l'on appelle LE DEVOIR DE MEMOIRE. Il s'agit d'une préoccupation qui peut être individuelle, ou collective.

L’auteur Jean-Laurent Caillaud est un auteur amoureux inconditionnel de Paris et de ses habitants présents et passés. A-t-il été interpellé par l’histoire de cette inscription provisoire ?

Ecoutez plutôt :

Au lendemain de la Libération de Paris, de nombreuses plaques à la mémoire des combats et des combattants ont été apposées spontanément sur les lieux ou se sont déroulés les événements d’août 1944, prenant parfois le relais d’une inscription provisoire. C’est le cas de celle de Raymond Bonnand, 105 bd Saint-Michel (5e) inscrite tout d’abord sur le mur à la peinture noire.


Dans le Paris d'aujourd'hui, une jeune femme et un vieil homme qui ne se connaissent pas échangent des lettres qu'ils accrochent sur une plaque commémorative d'un résistant abattu en 1943 sur le boulevard Saint-Michel. Une chaîne humaine se crée autour d'eux.



Vous qui passez devant cet immeuble, ayez une pensée pour Frédéric. Il est mort pour vous. le 21 août 1943. Il avait 19 ans. C'était mon meilleur ami. Il voulait faire le tour du monde après la guerre. Il n'a pas pu.»

Accroché par un inconnu à une plaque commémorative du boulevard Saint-Michel, ce message intrigue les passants. Un échange épistolaire s'instaure bientôt entre Emma, une jeune femme du quartier, et Louis, l'auteur de la lettre.

Tous deux apprennent à se connaître sans jamais se rencontrer,



[26 août]

Monsieur,

Ça me fait un drôle d’effet d’écrire des lettres à un inconnu. Vous allez me trouver

sotte, mais c’est un peu comme si j’écrivais à mon grand-père. Je ne l’ai jamais connu. Il est mort en 54, et moi, je suis née en 1978. Il aurait 82ans aujourd’hui s’il avait vécu. Si je calcule bien, Frédéric devait avoir à peu près le même âge que lui. Et vous aussi, à peu près. Pardonnez-moi de vous écrire mes histoires, vous me direz si ça vous embête. Pour les tulipes, vous souhaitez que j’en achète d’autres quand elles seront fanées ?

Amicalement,

Emma



[28 août]

Mademoiselle,

Vous êtes très maligne. J’aurai bien 82ans en octobre de cette année. Et mon cher Frédéric, comme votre grand-père aussi. Ça me fait bien plaisir de trouver vos petites lettres accrochées au mur.

Pour les fleurs, faite comme vous voulez.

Vous êtes gentille. Merci





Emma va remonter le fil de l'histoire pour comprendre qui se cache derrière ce mystérieux correspondant.

Un véritable travailleur d’enquêteur où la résistance essaie de faire la nique à la Gestapo, où les gens jouent parfois à de drôle de jeux. Entre ombre et lumière qui se cachent derrière les masques. La vie reprend le dessus en laissant dans la pierre des murs et dans la chair des survivants quelques souvenirs indélébiles comme autant de stigmates.



Leur dialogue se transforme en une véritable chaîne humaine au fil des fleurs et lettres déposées par d'autres passants: un général à la retraite, un collégien, un touriste allemand, un couple d'étudiants...


Au fil des jours,le puzzle s'assemble ainsi jusqu'à sa conclusion, aussi simple qu'émouvante.



Une très belle histoire d’amitié avec en toile de fond vous l’aurez compris, le devoir de mémoire. Les personnes qui interviennent dans cette chaîne de solidarité autour de Frédéric ont tous leurs importance et leur symbolisme ;

Emma et l’écolier representent les générations futures et la manière dont est enseigné l’histoire à l’école, l’intervention de ce professeur d’allemand et de ses élèves en vacances à Paris signent ici le thème de la réconciliation et la concierge qui n’en peut plus de voir son mur Sali de toutes ces écritures …je vous laisse seul juge de lui donner sa place dans l’histoire et l’Histoire…



Ils ont dit :

« Très beau, très émouvant. Une bonne action » (Pierre Messmer, chancelier de l'Ordre de la Libération)

« C'est un tout petit livre qui se lit en une demi-heure. Mais qu'on oubliera pas de sitôt... » (La Voix du Nord, 10 juillet 2007)

« Voilà un joli conte qu'il faut lire comme si c'était une histoire vraie. » (Le Figaro et vous, 9 août 2007)

« Cette histoire d'amitié et de fidélité à la mémoire est très émouvante. Derrière une apparente simplicité et légèreté, elle recèle une réelle profondeur. Emma et Louis sont des personnages attachants qui drainent une étonnante chaîne de solidarité. Ce petit chef-d'oeuvre devrait faire le bonheur de tous » (Bertrand Delanoë, maire de Paris)


Se croiser sans se voir" de Jean-Laurent Caillaud
PRESSES DE LA RENAISSANCE
• Reliure : Broché

• Page : 108 p

• Format : 21 x 12 cm

• Poids : 143.00 g

• ISBN : 978-2-7509-0326-8

• EAN13 : 97827509032





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