mardi 23 février 2010

ladamenbleu parle de chapeaux verts

Une jolie nouvelle pour ce mois de février, une nouvelle corde à mon arc : c(h)ro (ni)queuse des mots des autres…

Une chronique intemporelle, le portrait d’un auteur, une maison d’édition qui sort de l’ombre et me voila devant le micro de Radio Fréquence Paris Plurielles 106.3 en compagnie du Boss (Jean-Claude Caillette) et de Gwenaëlle Chambonnière, à vous parler de tout cela…

Pour cette première émission seront évoqués : les livres de Carlo Ruiz Zafon : « L'ombre du vent » et « le jeu de l'ange »...

....ainsi que du théâtre dansé -Dans la lignée des grands ballets romantiques gravés dans la mémoire collective de la danse, Angelin Preljocaj s'empare de la légende de Blanche Neige...

Rendez-vous Mardi 23 Février 2010 de 9h30 à 10 h…sur 106.3

pour réécouter l'émission



Dis ladamenbleu tu me parles de Ces dames aux Chapeaux Verts ?



L’auteure :

Troisième enfant et seule fille d'Edouard Poulain, médecin à Saint-Omer où elle est née le 13 juin 1889, Germaine Acremant termine en Écosse ses études commencées dans sa ville natale et se marie en 1911.

Son coup d'essai en littérature lui vaut la notoriété : la Société des gens de lettres couronne Ces dames aux chapeaux verts (1922), satire de la vie provinciale, dont elle tire avec son mari, Albert Acremant, une comédie à succès. Maintes fois réédité (plus de 1,5 million d'exemplaires, traduit en 25 langues, porté au cinéma par le réalisateur Maurice Cloche en 1937), ce roman est suivi de beaucoup d'autres (une trentaine environ), dont la plupart se passent dans le Nord de la France, de Saint-Omer à Étaples, des collines de l'Artois aux plages du Touquet, en passant par Boulogne-sur-Mer et par des villes mythiques.

Citons parmi les principaux : Gai ! Marions-nous ! qui a obtenu le Prix National de Littérature en 1927, La route mouvante (Prix Montyon 1940), Arrière-saison (1942), etc.

Plusieurs d'entre eux ont également fait l'objet d'une adaptation pour le théâtre, toujours en collaboration avec ALBERT ACREMANT qui a également réalisé les illustrations de plusieurs de ses romans. Il a aussi publié un recueil de poésie : Vers de Couleur, Editions Grasset, 1910.

En 1970, elle publia Chapeaux gris... chapeaux verts, la suite de Ces dames aux chapeaux verts. La plupart des ouvrages de Germaine Acremant ont été publiés chez Plon.

GERMAINE ACREMANT s'éteint le 26 Août 1986 à Neuilly-sur-Seine.


L’idée du roman :

C'est pendant la guerre de 1914-1918, pendant laquelle son frère Pierre (1887-1914) disparaîtra, que l'idée d'écrire vient à cette jeune femme sportive et dotée d'un joli talent d'aquarelliste. Son mari, ALBERT ACREMANT, parti au front, elle revint à Saint-Omer, chez son père où pour tromper son ennui, elle condense dans son ouvrage toutes les observations qu’elles faits dans les intérieurs et les rues de sa ville natale. Avec lucidité, elle décrit le quotidien des vieilles filles de province. Les caricatures nous prêtent à rire mais ne sont jamais méchantes, même si les caractères sont criants de vérités.

Si vrai qu’on a cru les reconnaître à Cannes, à Douai, à Morlaix comme en Provence, en Bretagne, en Flandre et même en Picardie. Ce qui prouve que ces personnages sont intemporels.

Extrait de la revue des Flandres du 10 décembre 1937 :

« ( …) cet homme qui m’apporta un jour le portrait grandeur nature de sa cousine et me pria de l’accepter, car, me dit-il je suis bien certain que c’est elle que vous avez voulu décrire en Telcide, et cela nous fait d’ailleurs beaucoup d’honneurs dans la famille »…


Le résumé :

Arlette, une parisienne de 18 ans (je l’identifie à la Garçonne de V.MARGUERITTE), est venue à la mort de son père (ruiné il s’est suicidé) demander l’hospitalité chez ses vieilles tantes de province. Quatre vieilles demoiselles qui vivent au ralenti dans une vieille cité du Nord de France dans un quartier où l’on ne voit passer que des religieuses, des prêtres et des « jeunesses prolongées ».

Les honorables cousines d’Arlette répondant aux prénoms de Telcide, Jeanne, Rosalie et Marie ne portent plus le chapeau vert avec capote de satin miroitant et bride de velours perroquet mais elles n’en sont pas moins ridicules à ses yeux de parisienne espiègle et dans le vent…Vingt ans séparent la première et la dernière des sœurs Davernis.
Le hasard qui a souvent plus d’imagination que nous, met entre les mains d’Arlette un journal tenu jadis par l’une d’elles.

Qui a rêvé pour mari d’un jeune professeur Ulysse Hyacinthe et vu ses espoirs réduits à néant par une mère vaniteuse qui jugeait l’élu pas assez brillant ?

Arlette va mener son enquête sachant que l’amoureux évincé revient à ce moment dans la ville. La jeune femme n’aura de cesse de les réunir et en contribuant aux bonheurs des autres elle fera aussi le sien...

Les décors pourraient ressemblés aux dessins de Huart* mais pour l’âme aux analyses de Balzac.
Portrait d’Arlette (page 15) Arlette a 18 ans, elle vit dans un perpétuel contraste, physiquement et moralement. Ses cheveux sont blonds et ses yeux sont noirs. Elle est plutôt petite et paraît grande, tant elle est mince et souple. Elle semble aimer le monde et l’agitation, elle pratique les sports. Elle n’est vraiment heureuse que dans sa chambre, avec ses chiens, ses poissons rouges, ses bouts de rubans et ses faveurs, ses bouquets de roses et ses rêves bleus !

Arlette ne ressemble t elle pas au portrait de Germaine Acrémant ?

Dans un journal NL du 29 mai 1926 on peut lire sous la plume de Noël Sabord : « Elle ne gaspille pas son amitié et ne se lie pas aisément…elle s’abandonne volontiers à la rêverie où les esprits formés dans les brumes trouvent une poésie si grave et si profonde… »

Pourquoi ce coup de cœur ? :

La première fois que j’ai lu ce livre, je devais avoir 17 ans. J’avais adoré la pièce de théâtre qui était passée sur Antenne 2 dans les années 1980 ; c’était frais, drôle enjoué et surtout cela se finissait bien. Ce livre est la représentation de notre pays dans les années 1920, la première guerre mondiale a révolutionné la position de la femme en France. Les jupes se raccourcissent, elle s’affranchit et si elle ne vote pas encore, la jeune femme s’affranchit peu à peu. Néanmoins selon le milieu social elle n’est parfois pas libre de disposer de ses amours, on lui impose parfois celui qui deviendra son mari…On ne lui pardonne ni ses effronteries ni ses prises de position.

Le livre est écrit avec un vocabulaire un peu suranné, les mots ne sont plus d’aujourd’hui. Ils ont la couleur et l’odeur d’un bouquet de violette séchées retrouvé dans une malle en osier.
Je me sens proche de Germaine Acrémant, cette femme qui ne doit son succès qu’à elle-même et non autour d’une quelconque publicité commerciale.

 « Je n’ai aucun procédé …j’estime que la forme doit varier avec le sujet. On ne doit rien écrire qu’avec son cœur…Les livres que j’ai faits, je les portais en moi et j’ai l’impression que je n’aurais pas pu ne pas les écrire. Il en sera de même des suivants. Quand je n’aurai plus rien à dire, je me tairai. Je n’écrirai jamais par métier sur commande ».

Traduit en vingt langues, et édité à un million d'exemplaires, "Ces dames aux chapeaux Verts" est devenu un classique de la scène et même de l'écran. (plus de cinq mille représentations, et trois films !) En 1964, après quarante ans de brouille, son roman avait été très mal accueilli par ses concitoyens, ils pensaient qu’il donnait une image vieillotte en ridiculisant une partie de ses habitants emprisonnés dans des règles de bienséance, et convenances bourgeoises désuètes) la ville de Saint-Omer organise le premier "Festival des chapeaux verts" et en 1984, la romancière revient à Saint-Omer et assiste à plusieurs manifestations organisées en son honneur.

Germaine Acrémant  source : la cinémathèque.fr

 
Une interview de l'auteure à retrouver ICI
*Charles Huard (1874-1965)

Peintre, dessinateur, graveur, caricaturiste et illustrateur. Cet artiste, peu connu aujourd'hui, s'était rendu célèbre au début du siècle par des caricatures souvent féroces sur Paris et la province qu'il publiait dans les journaux de la Belle Époque (Le Journal amusant, Le Sourire, Le Rire, Le Cocorico...), ainsi que par de nombreuses illustrations de livres (Figures de Vendée de Georges Clémenceau, ...).



©Maryline MARTIN février 2010



*prochaine chronique : Une semaine de Vacance (sans s c'est fait exprès) de Daniel Charneux...

2 commentaires:

Karine a dit…

J'avais adoré ce livre pendant mon adolescence, tu me donnes envie de le relire... mais retrouverais-je la même émotion ?... Karine.

doriane a dit…

Je cherche ce livre depuis des lustres pour le relire ! comme toi, j'ai adoré retrouver cette atmosphère si fraîche !