"Ce que j'ai vu de plus curieux dans mon voyage c'est Pompéi ; on se sent transporté dans l'Antiquité ; et, pou peu qu'on ait l'habitude de ne croire que ce qui est prouvé, on en sait sur-le-champ plus qu'un savant. C'est un plasir fort que de voir face à face cette Antiquité sur laquelle on a lu tant de volumes..." Stendhal ( Rome, Naples, Florence).
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Le nom du «Vésuve» - Vesevus, en latin - apparaît dans Lucrèce et dans Virgile, contemporains d'Auguste. Mais le siècle qui précéda le fameux cataclysme ignorait les possibilités éruptives du volcan endormi depuis plus de 1.500 ans; c'est le cas notamment du géographe Strabon. Ainsi, fin de l'été -73, Spartacus et quelques centaines de gladiateurs trouvèrent refuge au sommet du Vésuve, où vinrent les assiéger les 3.000 hommes de Clodius Glaber. Les textes parlent alors du Vésuve comme d'une banale montagne; il n'y a guère que les romans «historiques» consacrés à la Guerre servile et écrits au XXe s. pour en parler comme d'une Bouche des Enfers ou des Forges de Vulcain !
Le Vésuve se réveilla en 62 de n.E., sous la forme d'un séisme qui détruisit partiellement Naples, Herculanum et Pompéi. Celle-ci était encore en reconstruction lorsqu'en 79, sa colère effaça complètement de la carte ces deux dernières. Il y aura encore des éruptions en 202, 472, 512, 785, 993, 1036, 1139, 1306, 1500, 1631, 1794, 1871, 1872, 1906 et 1944. (sources : http://www.peplums.info/pep34a.htm )
Le Vésuve va cracher 100 millions de tonnes de pierres ponces tuant les 20 000 habitants de Pompéi en quelques heures et ensevelissant sous 7 mètres de lave la ville pour des siècles..
Chronique d'une mort célèbre : celle de Pline l'Ancien. (lettres VI, 16, "lettre à Tacite" datée de l'an 104
Pline l'Ancien est le commandant de la flotte située à Misène. Il va aller au plus près observer l'éruption du Vésuve. Il va rejoindre la villa de Pomponianius située à Stabies afin de sauver son amie Rectina. Malheureusement, il arrive trop tard. La mer est agitée, l'air est chargé de soufre et il mourra asphyxié.
Extrait d'une lettre de Pline le Jeune (neveu de Pline l'Ancien)
Il était à Misène où il commandait la flotte. Le neuvième jour avant les calendes de septembre, vers la septième heure, ma mère l'avertit qu'il paraissait un nuage d'une grandeur et d'une forme extraordinaire. Après sa station au soleil et son bain d'eau froide, il s'était jeté sur un lit où il avait pris son repas ordinaire, et il se livrait à l'étude. Il demande ses sandales et monte en un lieu d'où il pouvait aisément observer ce phénomène. La nuée s'élançait dans l'air, sans qu'on pût distinguer à une si grande distance de quelle montagne elle sortait. L'évènement fit connaître ensuite que c'était du mont Vésuve. Sa forme approchait de celle d'un arbre, et particulièrement d'un pin : car, s'élevant vers le ciel comme sur un tronc immense, sa tête s'étendait en rameaux. peut-être le souffle puissant qui poussait d'abord cette vapeur ne se faisait-il plus sentir ; peut-être aussi le nuage, en s'affaiblissant ou en s'affaissant sous son propre poids, se répandait-il en surface. Il paraissait tantôt blanc, tantôt sale et tacheté, selon qu'il était chargé de cendre ou de terre.
Ce phénomène surpris mon oncle, et, dans son zèle pour la science, il voulut l'examiner de plus près. Il fit appareiller un navire liburnien, et me laissa la liberté de le suivre. Je lui répondis que j'aimais mieux étudier ; il m'avait par hasard donné lui-même quelque chose à écrire. Il sortait de chez lui, lorsqu'il reçut un billet de Rectine, femme de Césius Bassus. Effrayée de l'imminence du péril (car sa villa était située au pied du Vésuve, et l'on ne pouvait s'échapper que par la mer), elle le priait de lui porter secours. Alors il change de but, et poursuit par dévouement ce qu'il n'avait d'abord entrepris que par le désir de s'instruire. Il fait préparer des quadrirèmes, et y monte lui-même pour aller secourir Rectine et beaucoup d'autres personnes qui avaient fixé leur habitation sur cette côte riante. Il se rend à la hâte vers des lieux d'où tout le monde s'enfuyait ; il va droit au danger, la main au gouvernail, l'esprit tellement libre de crainte, qu'il décrivait et notait tous les mouvements, toutes les formes que le nuage ardent présentait à ses yeux.
Déjà sur ses vaisseaux volait une cendre plus épaisse et plus chaude, à mesure qu'ils approchaient ; déjà tombaient autour d'eux des éclats de rochers, des pierres noires, brûlées et calcinées par le feu ; déjà la mer, abaissée tout à coup, n'avait plus de profondeur, et les éruptions du volcan obstruaient le rivage. Mon oncle songea un instant à retourner ; mais il dit bientôt au pilote qui l'y engageait : La fortune favorise le courage. Menez-nous chez Pomponianus. Pomponianus était à Stabie, de l'autre côté d'un petit golfe, formé par la courbure insensible du rivage. Là, à la vue du péril qui était encore éloigné, mais imminent, car il s'approchait par degrés, Pomponianus avait transporté tous ses effets sur des vaisseaux, et n'attendait, pour s'éloigner, qu'un vent moins contraire. Mon oncle, favorisé par ce même vent, aborde chez lui, l'embrasse, calme son agitation, le rassure, l'encourage ; et, pour dissiper, par sa sécurité, la crainte de son ami, il se fait porter au bain. Après le bain, il se met à table, et mange avec gaieté, ou, ce qui ne suppose pas moins d'énergie, avec les apparences de la gaieté.
Cependant, de plusieurs endroits du mont Vésuve, on voyait briller de larges flammes et un vaste embrasement dont les ténèbres augmentaient l'éclat. Pour calmer la frayeur de ses hôtes, mon oncle leur disait que c'étaient des maisons de campagne abandonnées au feu par les paysans effrayés. Ensuite, il se livra au repos, et dormit réellement d'un profond sommeil, car on entendait de la porte le bruit de sa respiration que sa corpulence rendait forte et retentissante. Cependant la cour par où l'on entrait dans son appartement commençait à s'encombrer tellement de cendres et de pierres, que, s'il y fût resté plus longtemps, il lui eût été impossible de sortir. On l'éveille. Il sort, et va rejoindre Pomponianus et les autres qui avaient veillé. Ils tiennent conseil, et délibèrent s'ils se renfermeront dans la maison, ou s'ils erreront dans la campagne : car les maisons étaient tellement ébranlées par les effroyables tremblements de terre qui se succédaient, qu"elles semblaient arrachées de leurs fondements, poussées dans tous les sens, puis ramenées à leur place. D'un autre côté, on avait à craindre, hors de la ville, la chute des pierres, quoiqu'elles fussent légères et minées par le feu. De ces périls, on choisit le dernier. Chez mon oncle, la raison la plus forte prévalut sur la plus faible ; chez ceux qui l'entouraient, une crainte l'emporta sur une autre. Ils attachent donc avec des toiles des oreillers sur leurs têtes : c'était une sorte d'abri contre les pierres qui tombaient.
Le jour recommençait ailleurs ; mais autour d'eux régnait toujours la nuit la plus sombre et la plus épaisse, sillonnée cependant par des lueurs et des feux de toute espèce. On voulut s'approcher du rivage pour examiner si la mer permettait quelque tentative ; mais on la trouva toujours orageuse et contraire. Là mon oncle se coucha sur un drap étendu, demanda de l'eau froide, et en but deux fois. Bientôt des flammes et une odeur de soufre qui en annonçait l'approche, mirent tout le monde en fuite, et forcèrent mon oncle à se lever. Il se lève appuyé sur deux jeunes esclaves, et au même instant il tombe mort. J'imagine que cette épaisse vapeur arrêta sa respiration et le suffoqua. Il avait naturellement la poitrine faible, étroite et souvent haletante. Lorsque la lumière reparut trois jours après le dernier qui vait lui pour mon oncle, on retrouva son corps entier, sans blessure. Rien n'était changé dans l'état de son vêtement, et son attitude était celle du sommeil plutôt que de la mort.
Pendant ce temps, ma mère et moi nous étions à Misène. Mais cela n'intéresse plus l'histoire, et vous n'avez voulu savoir que ce qui concerne la mort de mon oncle. Je finis donc, et je n'ajoute plus qu'un mot : c'est que je ne vous ai rien dit, que je n'aie vu ou que je n'aie appris dans ces moments où la vérité des évènements n'a pu encore être altérée. C'est à vous de choisir ce que vous jugerez le plus important. Il est bien différent d'écrire une lettre ou une histoire ; d'écrire pour un ami, ou pour le public.
Adieu
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Quelques Photos prises lors de mon voyage...
sur le forum de Pompéi, l'autel des sacrifices de Vespasien
fresque representant le port de Pompéi
Vue de la Porte Marine
une femme enceinte se protégeant mais rattrapée par son destin...
intérieur d'une maison
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Mes lectures :
POMPEI de Robert Harris (Roman mené comme une enquête policière) (PLON)
Pompéi la cité ensevelie de Robert Etienne (Editions GALLIMARD)
La vie quotidienne à Pompéi de Robert Etienne (HACHETTE)
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N'hésitez pas à vous procurer les guides illustrés avec reconstructions qui permettent une meilleure lisibilité ou visibilité des sites visités (http://www.visionpubl.com/)
Le guide POMPEI, HERCULANUM et CAPRI est un guide archéologique original avec les reconstructions des monuments antiques.
Le Vésuve a aussi fait des victimes sur Herculanum mais au lieu d'être ensevelie sous une pluie de cendres et de lapilli, la ville fut envahie au moins à six reprises par des nuages brûlants de gaz toxiques s'alternant avec des coulées de boue enflammées qui s'accumulèrent peu à peu et la recouvrirent entièrement. Cette boue, en se solidifiant, acquit la consistance d'une couche compacte et dure, ainsi le niveau du terrain s'éleva d'une vingtaine de mètres...
Lit carbonisé retrouvé à Herculanum
Une maison à Herculanum
Il Vesuvio le 19 juillet 2010
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Le Vésuve en toile de fond, l'Histoire omniprésente, une guide truculente, un groupe sympathique, de nouveaux amis, de la pasta à tous les repas, des fous rires et puis pour la première fois cette sensation de profiter à fond du moment présent : carpe diem...
Pompéi, Paestum et Herculanum sont des sites que je ne pourrai oublier ...et qui feront sans doute l'objet d'une nouvelle écrite dans le silence d'Orval mais ceci est une autre aventure...
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